Guinée : plusieurs journalistes arrêtés et agressés lors d’une manifestation
Le 18 janvier, à la banlieue de Conakry, des gendarmes guinéens ont procédé à l’arrestation de plusieurs journalistes qui prévoyaient de manifester contre les sévères restrictions à la liberté de la presse et à l’accès à Internet sous le régime de Mamadi Doumbouya. La manifestation avait pour but de dénoncer les atteintes à la liberté de la presse perpétrées par le gouvernement.
Les journalistes s’étaient rassemblés à la Maison de la Presse, un lieu habituel de rencontres et de conférences de presse. Cependant, deux pick-ups de gendarmes sont intervenus, arrêtant de force environ cinq journalistes. Des responsables de la presse, sous couvert d’anonymat, ont fait état d’une dizaine de journalistes interpellés au total, tant à la Maison de la Presse qu’en banlieue, tous conduits à la gendarmerie.
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Réactions et atteintes à la liberté de la presse ?
Face à cette répression, Reporters sans frontières (RSF) a réagi en déclarant que « l’escalade sans fin des attaques contre la presse en Guinée doit cesser » et a appelé à la libération des journalistes arrêtés. Le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), soutenu par des organisations de la société civile, avait appelé à manifester pour « libérer les médias et réseaux sociaux ».
Le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) avait appelé à manifester « pour libérer les médias et réseaux sociaux ». Il a reçu le soutien d’organisations de la société civile. Le « droit à l’information et à la connectivité est bafoué depuis bientôt deux mois », disait le SPPG le 7 janvier. Il invoquait le blocage de l’accès à internet, le retrait de certaines chaînes de télévision des principaux bouquets de distribution, le brouillage de fréquences radio. Les autorités veulent « obliger l’ensemble des médias du pays à changer de lignes éditoriales », disait-il.
Un climat de répression persistant en Guinée
Malgré les engagements initiaux de la junte en faveur de la liberté de la presse, un climat de répression des médias d’information indépendants s’installe depuis plusieurs semaines, alertait déjà RSF en décembre. Les médias visés partagent une ligne éditoriale libre et critique, mettant en lumière les enjeux entourant la liberté d’expression dans le pays.
Le ministre de l’Administration du territoire, Mory Condé, a assimilé les incitations à manifester à des « messages d’appel à la violence ». Il a rappelé l’interdiction de toute manifestation édictée en 2022 par la junte qui a pris le pouvoir l’année précédente.
La veille des opérations de gendarmerie, il avait ainsi mis en garde lors d’une intervention sur la télévision d’État : « Je rassure le peuple de Guinée [quant à] la détermination du gouvernement à mettre hors d’état de nuire ces individus et à poursuivre les auteurs et les commanditaires de tout acte de violence qui surviendrait suite à ces appels à manifester. »
Restrictions à internet maintenues
Le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, avait présenté récemment les mesures contre certains médias comme la réponse « à des pratiques telles que l’apologie de la haine communautaire » ou « la propagation de discours divisifs ». Après avoir nié toute implication, le gouvernement a justifié la semaine dernière les restrictions d’accès à internet par un « problème sécuritaire », sans plus de précision.
Les restrictions à Internet, y compris l’impossibilité d’accéder sans VPN à des réseaux sociaux populaires, persistent, selon le service de surveillance d’Internet Netblocks. Les perturbations sont qualifiées de « cohérentes avec des restrictions imposées par le gouvernement par le passé« .
La situation en Guinée soulève des préoccupations croissantes quant à la préservation de la liberté d’expression et d’information dans le pays, avec les journalistes en première ligne de cette lutte pour des médias libres et indépendants.
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