Société

la lutte contre le djihadisme, un échec total ?

Depuis le début des années 2000, l’Afrique de l’ouest est confrontée à une montée en puissance des groupes djihadistes, qui menacent la stabilité et la sécurité de la région. Malgré les efforts des pays concernés et de la communauté internationale, la situation ne cesse de se dégrader, avec des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières. Quelles sont les causes et les conséquences de cette expansion djihadiste ? Quelles sont les stratégies mises en œuvre pour y faire face ? Et quelles sont les perspectives d’avenir pour la région ?

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Qui sont les groupes djihadistes en Afrique de l’ouest ?

En Afrique de l’ouest, on distingue principalement deux entités djihadistes : le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM), qui regroupe différents groupes affiliés à al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et l’État islamique dans la Province d’Afrique de l’ouest (Iswap), qui opère à travers deux branches, l’une dans le lac Tchad et au nord-est du Nigeria, l’autre dans la région du Liptako-Gourma, à cheval entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Il existe également d’autres groupes plus locaux, comme Boko Haram et Ansaru au Nigeria.

Ces groupes djihadistes ont des origines diverses, mais ils partagent une idéologie fondée sur une interprétation radicale de l’islam, qui vise à instaurer un califat régi par la charia. Ils se nourrissent également des frustrations et des revendications des populations locales, qui souffrent de la pauvreté, de la corruption, de la marginalisation et de l’injustice. Ils exploitent ainsi les conflits intercommunautaires, les tensions entre éleveurs et agriculteurs, ou encore les aspirations autonomistes de certaines régions.

Quels sont les impacts du djihadisme en Afrique de l’ouest ?

Le djihadisme en Afrique de l’ouest a des impacts dramatiques sur le plan humain, économique, social et politique. Selon un rapport du Conseil de sécurité des Nations unies, entre 2015 et 2020, plus de 14 000 personnes ont été tuées dans des attaques terroristes dans la région du Sahel. Le nombre de personnes déplacées a également explosé, passant de 490 000 en 2015 à plus de 5 millions en 2020. Les activités économiques sont fortement perturbées par l’insécurité, qui affecte notamment les secteurs agricole, minier et touristique. Les services publics sont également mis à mal, avec la fermeture d’écoles, d’hôpitaux ou encore de tribunaux. Le djihadisme contribue ainsi à aggraver la pauvreté et à réduire les opportunités de développement.

Sur le plan politique, le djihadisme fragilise les États et leurs institutions, qui peinent à assurer leur autorité et leur légitimité sur l’ensemble du territoire. Il alimente également la méfiance et la défiance des populations envers leurs gouvernements, souvent perçus comme corrompus, inefficaces ou complices. Il favorise enfin l’émergence de mouvements contestataires ou séparatistes, qui remettent en cause l’unité nationale ou l’intégrité territoriale.

Quelles sont les réponses apportées au djihadisme en Afrique de l’ouest ?

Face au djihadisme en Afrique de l’ouest, les réponses apportées sont principalement militaires. Les pays concernés ont renforcé leurs capacités sécuritaires et ont engagé leurs forces armées dans la lutte contre les groupes terroristes. Ils ont également bénéficié du soutien de partenaires internationaux, notamment la France avec l’opération Barkhane, les Nations unies avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), ou encore l’Union européenne avec la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM Mali). Par ailleurs, les pays du Sahel ont créé en 2017 le G5 Sahel, une organisation régionale qui vise à coordonner leurs efforts dans les domaines de la sécurité, du développement et de la gouvernance.

Cependant, ces réponses militaires se sont révélées insuffisantes, voire contre-productives, face à la complexité et à la diversité des enjeux liés au djihadisme. Elles ont souvent été accompagnées de violations des droits humains, de bavures ou d’abus, qui ont alimenté le ressentiment et le recrutement des groupes terroristes. Elles ont également négligé les dimensions politiques, sociales et économiques du problème, qui nécessitent des solutions durables et inclusives. Ainsi, certains acteurs ont plaidé pour l’ouverture d’un dialogue avec les djihadistes, afin de rechercher une issue négociée au conflit. Cette option reste toutefois controversée, tant au niveau national qu’international.

Quelles sont les perspectives d’avenir pour l’Afrique de l’ouest ?

L’avenir de l’Afrique de l’ouest face au djihadisme est incertain et dépendra largement de la capacité des acteurs locaux et internationaux à adopter une approche globale et cohérente du phénomène. Il s’agit notamment de renforcer les capacités des États à assurer la sécurité de leurs populations, tout en respectant les droits humains et le droit international humanitaire.

Il s’agit également de promouvoir le développement économique et social des régions affectées par le djihadisme, en créant des opportunités d’emploi, d’éducation et de santé pour les jeunes. Il s’agit enfin de favoriser la réconciliation nationale et le dialogue intercommunautaire, en impliquant tous les acteurs concernés, y compris les femmes, les jeunes et les leaders religieux.

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