Les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ont appelé hier, mardi, à une « marche contre l’antisémitisme« , mais la présence annoncée du Rassemblement national provoque un malaise à gauche et dans la majorité présidentielle. Cette mobilisation vise à répondre à la recrudescence des actes antisémites en France, dépassant les 1 000 cas en un mois, un record inquiétant. Alors que certaines voix appellent à l’unité, la question de la participation du Rassemblement national à cette marche divise profondément la classe politique française.
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Le dilemme de la gauche
Le ton monte au sujet de cette marche qui prétendait appeler à une mobilisation contre la recrudescence des actes antisémites en France. « Un sursaut s’impose, pour manifester clairement que la France n’accepte pas l’antisémitisme et que les Français ne se résignent pas, et ne se résigneront jamais à la fatalité des haines (…) Notre laïcité doit être protégée, elle est un rempart contre l’islamisme », écrivent Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet dans leur communiqué annonçant la manifestation. Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, a apporté son « plein soutien à l’appel ».
Cependant, cette mobilisation a suscité un refus catégorique de la part de Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Fabien Roussel (PCF) en raison de la présence annoncée du Rassemblement national, qui a rapidement confirmé sa participation. Les opposants à cette décision rappellent que le RN est l’héritier politique du Front national fondé par Jean-Marie Le Pen, plusieurs fois condamné pour propos antisémites, et par des individus qui ont collaboré avec l’Allemagne nazie. Ils estiment que la présence du RN à cette marche est inacceptable.
« J’y participerai », a déclaré Marine Le Pen, ce mercredi matin, et « j’appelle l’ensemble de nos adhérents et de nos électeurs à venir se joindre à cette marche… Plus il y aura de monde et mieux ce sera », a-t-elle ajouté, assurant être prête à défiler « en queue de cortège » puisque sa présence dérange.
Des divisions au sein de la classe politique
Les tensions s’étendent également à d’autres partis politiques. Les socialistes considèrent la présence du RN à cette marche comme illégitime en raison de son identité et de ses positions. Néanmoins, le PS a finalement appelé tous les Français à se joindre à la manifestation, à l’exception du RN.
« plusieurs fois condamné pour propos antisémites » et par « des hommes qui ont collaboré » avec l’Allemagne nazie, a rappelé Fabien Roussel. « Je ne défilerai pas à (leurs) côtés… Nous défilerons peut-être à un autre endroit, mais pas avec eux », a-t-il insisté ce mercredi, indiquant qu’il en discuterait avec « les autres responsables de forces de gauche républicaines ».
À droite, certains, comme Éric Ciotti (LR), se montrent moins hésitants et annoncent leur participation à la marche contre l’antisémitisme, tandis que d’autres personnalités politiques d’extrême droite, telles qu’Éric Zemmour et Marion Maréchal (Reconquête), se sont immédiatement engagées.
Embarras aussi dans le parti présidentiel. Stéphane Séjourné, secrétaire général du parti Renaissance a également émis les plus grandes réserves quant à la présence du RN. « J’appelle solennellement les organisateurs ainsi que les partis politiques qui y participeront à ne pas être les complices de la banalisation d’un parti fondé par des antisémites », a-t-il expliqué.
En revanche, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé sa participation à la marche contre l’antisémitisme, tandis que le ministre Olivier Véran estime que le Rassemblement national n’a pas sa place dans cette manifestation.
L’incertitude persiste sur la marche contre l’antisémitisme
Finalement, le chef de l’État, Emmanuel Macron, s’interroge sur sa participation à cette marche. Il devrait dévoiler ses intentions en début d’après-midi devant les responsables francs-maçons. Lors d’un dîner avec les ténors de son camp à l’Élysée, il n’avait pas encore pris de décision claire.
La marche contre l’antisémitisme en France suscite des débats et des divisions politiques, mettant en lumière le dilemme entourant la présence du Rassemblement national. Cette mobilisation, censée unir contre l’antisémitisme, révèle les tensions persistantes au sein de la politique française et les difficultés à trouver un consensus dans ce contexte délicat.