Lors d’une audience publique exceptionnelle le vendredi 25 août 2023, réservée aux plaidoiries et au réquisitoire du ministère public, un événement crucial s’est déroulé dans les enceintes judiciaires de la République Démocratique du Congo (RDC). Le ministère public a requis une peine de prison à perpétuité à l’encontre d’Edouard Mwangachuchu, élu de Masisi, poursuivi pour des accusations graves, dont la trahison, la participation à un mouvement insurrectionnel et la détention illégale d’armes et de munitions de guerre.
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Des accusations lourdes et des liens suspects
Les soupçons qui planent sur Edouard Mwangachuchu et son co-prévenu concernent principalement leurs liens présumés avec les rebelles du M23, un groupe armé actif dans la région. Les charges portées à leur encontre incluent également la détention illégale d’armes de guerre. Mwangachuchu lui-même a reconnu lors d’une audience d’instruction que James Kabarebe, haut conseiller du président rwandais Paul Kagame, l’avait contacté pour rejoindre la coalition M23-RDF. Néanmoins, il avait rejeté cette proposition en raison de son statut de parlementaire congolais.
La Haute Cour Militaire avait lancé un procès en flagrance contre Édouard Mwangachuchu le 3 mars 2023, à la suite de la découverte, le 1er mars 2023, d’effets militaires, dont des armes, des munitions, des Motorola, des clés USB et des ordinateurs, à son domicile. Depuis le début de ce procès, Mwangachuchu clame son innocence avec conviction et a affirmé avoir obtenu l’autorisation régulière de porter des armes de l’ancien ministre de l’Intérieur, Richard Muyej.
Le verdict d’Edouard Mwangachuchu attendu avec appréhension
Toutefois, le dossier semble complexe et les implications sont graves. Le tribunal étudiera attentivement les éléments présentés par le ministère public avant de prononcer son verdict final lors de la dernière audience de ce procès.
La défense a plaidé contre les accusations, suggérant que les preuves se sont concentrées sur l’appartenance ethnique de Mwangachuchu, ce qui a contribué à la stigmatisation et à la discrimination.
« Nous dénonçons un procès de la haine et de la stigmatisation, basé sur le stéréotype et l’exclusion, un procès de discrimination », a déclaré Me Thomas Gamakolo, porte-parole du collectif des avocats de la défense, lors d’une conférence de presse. « Les trente audiences de ce procès ont été alimentées par un sentiment anti-tutsi et anti-Rwanda savamment entretenu par le ministère public », a-t-il affirmé.
L’élu de Masisi, détenu depuis le début de mars et accusé de trahison et d’intelligence avec le M23, est jugé par une cour militaire à Kinshasa.
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La requête du ministère public pour une peine de prison à perpétuité a jeté une lumière crue sur le cas de Mwangachuchu. Cependant, la défense a soulevé des inquiétudes quant à la manière dont les preuves ont été présentées, accusant le ministère public d’avoir alimenté un climat anti-tutsi et anti-Rwanda. Les avocats de la défense ont dénoncé ce qu’ils ont appelé un « procès de la haine et de la stigmatisation », un procès basé sur des stéréotypes et des préjugés. La bataille juridique qui se déroule actuellement en RDC met en évidence l’importance de garantir des procès équitables et exempts de toute discrimination, même en période de tensions politiques et sociales.