Société

Peut-on encore protéger les prisons en France ?

Incendies coordonnés, menaces ciblées, revendications signées : depuis dimanche, une série d’attaques vise les prisons et les agents pénitenciers. Une riposte souterraine au durcissement carcéral se déploie, pendant que l’État tente de contenir une pression jamais observé.

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Des flammes dans la nuit, des prisons bien ciblés

Les véhicules brûlés se multiplient, les horaires changent mais la méthode reste. De Tarascon à Nanterre, en passant par Villepinte, Réau, Valence ou Toulon, les centres pénitentiaires sont touchés par une série d’incendies ciblés. Pas d’inscriptions systématiques sur les lieux, mais une logique d’intimidation de plus en plus claire.

La nuit du 15 au 16 avril, trois voitures ont été incendiées sur un parking sécurisé du centre de détention de Tarascon. Quelques heures plus tôt, c’est un agent d’Aix-Luynes qui a vu son véhicule partir en fumée devant chez lui. À Meaux-Chauconin, un hall d’immeuble a été visé, avec cette fois une signature : « DDPF » pour « Défense des prisonniers français », groupe qui revendique plusieurs de ces actes sur les réseaux sociaux.

Une riposte aux nouvelles règles du jeu carcéral

Ces attaques ne surgissent pas dans le vide. Elles font suite à une série de mesures engagées par les autorités pour renforcer le contrôle à l’intérieur des prisons : transferts vers des établissements plus sécurisés, surveillance accrue des communications, isolement des profils jugés sensibles.

Selon une source proche du dossier citée par BFMTV, ces actes seraient une réaction organisée face à l’évolution du régime de détention de certains détenus, notamment ceux impliqués dans le trafic de drogue. Le ministre Gérald Darmanin n’y voit pas seulement une forme de protestation, mais une tentative délibérée de reprendre la main sur un écosystème pénitentiaire aujourd’hui sous pression.

Une réponse de l’État sous haute surveillance

Sur les plateaux d’Europe 1 et de Cnews, Darmanin évoque une stratégie de déstabilisation. À ses yeux, les responsables de ces actions testent les limites de l’État. Les surveillants, eux, s’inquiètent. Emmanuel Chambaud, secrétaire général de l’Ufap Unsa Justice, alerte : les attaques sortent désormais du cadre pénitentiaire pour viser les domiciles, les vies personnelles.

Face à cela, l’État serre les rangs. Le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête pour « association de malfaiteurs terroriste » et « tentative d’assassinat en lien avec une entreprise terroriste ». Une telle qualification permet aux enquêteurs d’élargir leur champ d’action, en particulier en matière de surveillance.

Une guerre sans uniforme, aux contours flous

Le mode opératoire reste rudimentaire – essence, briquet, reconnaissance des lieux – mais la régularité des actes laisse peu de doute sur la coordination. Pas d’arrestation pour l’heure, mais une inquiétude grandissante : les auteurs semblent connaître les habitudes, les dispositifs, les angles morts du système.

La prison, autrefois perçue comme une enceinte fermée, devient ainsi un théâtre de confrontation. Ce qui se joue désormais dépasse le simple vandalisme. C’est un affrontement entre deux logiques : celle de l’ordre imposé et celle d’un réseau qui refuse de se laisser enfermer. Et dans cette bataille, le terrain est mouvant, le rapport de force incertain, et les nuits, de plus en plus longues.

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