La longue séquence électorale et la frénésie populaire autour de la Coupe d’Afrique des Nations ont largement éclipsé la lente dégradation de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC. Depuis les élections générales de décembre, les incidents se multiplient entre la rébellion du M23 et l’armée congolaise et ses groupes supplétifs dans le Nord-Kivu.
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Escalade des tensions depuis le début de l’année
En ce début d’année, plusieurs accrochages ont fait monter la tension d’un cran entre Kinshasa et Kigali, accusée par l’ONU de soutenir les rebelles du M23. Le 16 janvier, trois soldats congolais sont entrés par erreur sur le territoire rwandais. Deux ont été arrêtés et un a été « neutralisé ». Le 17 janvier, le M23 annonce que deux de ses commandants ont été tués par une attaque de drone à Kitchanga, signant le premier assassinat ciblé par l’armée congolaise.
Le 22 janvier, des combats se sont concentrés autour de Mweso, une ville tenue par les rebelles depuis plusieurs mois, à 60 kilomètres au Nord de Goma. La forte offensive lancée par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et leurs groupes alliés a fait monter les tensions. Le 25 janvier, un obus de mortier est tombé sur Mweso, faisant 19 morts, avec l’armée congolaise accusant le M23 d’être à l’origine.
Ce regain de tension inquiète la communauté humanitaire qui dénonce les conséquences désastreuses des combats sur les populations. Rien que dans la zone de Mweso, plus de 250 000 personnes ont fui la région selon les Nations unies. La RDC vient de battre un triste record cette année en comptabilisant 7 millions de déplacés internes sur l’ensemble du territoire.
Pétition pour la justice en RDC avec le #FreeCongo
La Fondation Dr. Denis Mukwege a lancé une pétition pour demander justice pour les victimes de violences massives, y compris les violences sexuelles, qui continuent en RDC avec presque une impunité totale. Ils demandent la mise en œuvre des recommandations du Rapport de cartographie des Nations Unies qui documente les graves violations des droits de l’homme commises en RDC pendant la guerre.
Profitant de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2023), plusieurs personnalités publiques et internautes ont relancé la campagne numérique « #FreeCongo » pour dénoncer la guerre interminable dans l’Est.
Nouvelle stratégie présidentielle face au M23
Après une courte trêve électorale, l’intensification des combats fait craindre une extension du conflit et menace la ville de Goma et ses 2 millions d’habitants. Le président Tshisekedi, fort de sa réélection écrasante, tente une nouvelle carte pour tenter de faire reculer le M23 en faisant appel aux soldats de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Cependant, la présence et la mission de la SADC suscitent des interrogations quant à l’efficacité de cette nouvelle initiative.
Malgré les discours guerriers en campagne électorale, le président Tshisekedi semble revenu sur une position plus réaliste du conflit à l’Est du pays. Il espère faire reculer le M23 jusqu’aux frontières du Rwanda et de l’Ouganda avant d’entamer un dialogue indispensable avec ses deux voisins. La situation complexe sur le terrain soulève des défis, notamment la cohabitation entre les troupes de la SADC et les supplétifs congolais, alimentant les inquiétudes quant à la résolution pacifique du conflit.
En somme, la RDC se retrouve dans une impasse sécuritaire, avec des efforts diplomatiques et militaires se heurtant à la complexité des alliances et des enjeux régionaux. La résolution de ce conflit nécessitera non seulement une coordination efficace des forces internationales mais également un engagement sérieux des acteurs régionaux pour mettre fin à la souffrance de la population civile.