Trois jeunes interpellés dans le Nord : un projet d’attentat à la ceinture explosive déjoué

Le parquet national antiterroriste a annoncé, dimanche 6 avril, l’ouverture d’une information judiciaire après l’interpellation de trois hommes dans le Nord. Ils sont soupçonnés d’avoir préparé un attentat suicide inspirée de l’attentat du Bataclan.
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Une arrestation rendue possible par un signalement
Un Dunkerquois de 19 ans a été arrêté mercredi matin par le Raid dans un foyer pour jeunes adultes. Selon plusieurs sources concordantes, il projetait une action violente à l’aide d’un gilet explosif artisanal. Deux autres hommes, issus de son entourage, ont également été placés en garde à vue. L’un d’eux aurait fourni une arme factice utilisée par le principal suspect pour ses publications en ligne.
La dénonciation d’un proche a permis aux services antiterroristes d’agir rapidement. Le jeune homme, connu sous le nom de Morad M., a été repéré sur les réseaux sociaux, où il partageait des messages violents et affichait son allégeance à l’État islamique.
Un profil connu pour des faits antérieurs
Morad M. n’était pas fiché au FSPRT, mais figurait déjà dans les fichiers du renseignement territorial pour des menaces proférées en 2020 à l’encontre de l’internaute Mila. Lors de la perquisition à son domicile, les enquêteurs ont saisi un gilet piégé, une lettre d’allégeance et des documents techniques sur la fabrication de TATP, un explosif artisanal déjà utilisé dans plusieurs attentats djihadistes.

Le parquet national antiterroriste a retenu plusieurs chefs d’inculpation : « association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un crime d’atteinte aux personnes », « détention de substance ou produit incendiaire ou explosif » et « non-dénonciation de crime ». Deux des suspects ont été placés en détention provisoire, le troisième sous contrôle judiciaire.
Une attaque inspirée du Bataclan envisagée
L’enquête, confiée à la DGSI, à la SDAT et à la DZPJ du Nord, doit désormais déterminer le degré d’avancement du projet. Aucun lieu précis n’a été désigné, mais plusieurs cibles potentielles ont été évoquées dans les échanges interceptés : une boîte de nuit, un foyer pour jeunes, un restaurant, ou encore un site communautaire juif.

Le suspect principal aurait reconnu en garde à vue avoir traversé une période de détresse, tout en assurant avoir renoncé à l’action. Pourtant, ses publications en ligne, encore actives avant son interpellation, appelaient à la violence et glorifiaient des attentats récents. Parmi les contenus retrouvés : des appels à « noyer dans le sang les mécréants » et des hommages à des auteurs d’attaques passées.
Le rôle des deux autres suspects
Les deux autres individus interpellés sont des proches du principal suspect. L’un d’eux aurait fourni l’arme factice utilisée pour des mises en scène diffusées sur les réseaux sociaux. L’autre est visé pour non-dénonciation. L’avocat de l’un d’eux conteste toute radicalisation et dénonce une procédure infondée.
L’attaque, bien que non aboutie, semble avoir dépassé le stade de l’intention. Les documents saisis témoignent d’une volonté de s’auto-former à la fabrication d’explosifs. Les enquêteurs estiment qu’un passage à l’acte était envisageable à court terme, dans un lieu fréquenté, avec des moyens artisanaux mais dangereux.
Morad M. résidait dans un centre d’hébergement pour jeunes adultes. Il vivait seul, sa mère ayant quitté le foyer familial. Son isolement et son activité en ligne non régulée auraient favorisé sa radicalisation. Il utilisait notamment Telegram, application prisée des réseaux djihadistes.
L’affaire rappelle l’importance des signalements citoyens. Le suspect n’était pas fiché S, ce qui montre les limites du système actuel. Ce sont ses comportements en ligne et l’alerte d’un proche qui ont permis d’éviter une éventuelle tragédie.
Les investigations se poursuivent
Le parquet national antiterroriste poursuit ses investigations. Les services spécialisés exploitent les données numériques saisies, en particulier les échanges sur Telegram. Aucune requalification n’est écartée à ce stade. L’instruction devra déterminer si le projet visait un passage à l’acte immédiat ou s’inscrivait dans une logique de démonstration violente.
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