Déguerpissement à Adjamé : la situation s’envenime entre la population et les autorités
La commune d’Adjamé, située au cœur d’Abidjan, connaît actuellement des tensions majeures en raison des opérations de déguerpissement liées aux travaux du quatrième pont d’Abidjan. Cette initiative, visant à moderniser les infrastructures de la ville, a provoqué des affrontements entre les habitants et les autorités, mettant en lumière des frustrations profondes et des questions non résolues.
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Escalade des violences lors des déguerpissements
Les tensions à Adjamé se sont intensifiées au cours des derniers jours, culminant le jeudi 25 juillet 2024, avec l’incendie des machines de démolition par des habitants en colère. Ces engins, essentiels à la poursuite des travaux, ont été détruits, entraînant un arrêt temporaire des opérations. Des barricades ont été érigées par les résidents, particulièrement au niveau du carrefour GSPM, provoquant un ralentissement significatif de la circulation, allant de la caserne « Agban » jusqu’à « Reboule » 13. Les forces de l’ordre, dépassées par la situation, ont fait face à des jets de pierres et à une hostilité croissante de la part des riverains.
La situation a pris une tournure dramatique avec des affrontements violents entre les forces de sécurité et les autochtones Atchan du village d’Adjamé, membres de la fratrie Bidjan. Ces échauffourées ont fait plusieurs blessés et ont exacerbé les tensions déjà présentes dans la communauté. Les habitants ont exprimé leur mécontentement face à ce qu’ils perçoivent comme une éviction brutale et injuste de leurs terres et maisons, qui représentent à leurs yeux bien plus qu’un simple lieu de résidence, mais aussi un patrimoine familial et culturel.
Appel au dialogue et à la communication
Face à cette crise, la chefferie d’Adjamé Village, par l’intermédiaire de Jacques N’Koumo, a appelé à un dialogue avec le gouvernement ivoirien. Selon lui, il est crucial de discuter des modalités de déguerpissement pour éviter de futurs affrontements. Les chefs traditionnels déplorent un manque de communication en amont des démolitions, estimant que la population n’a pas été suffisamment informée, ce qui a contribué à l’exacerbation des tensions.
Les habitants se plaignent en effet d’un préavis insuffisant, affirmant n’avoir été prévenus que quelques jours avant le début des travaux, ne leur laissant pas le temps nécessaire pour se préparer à quitter leurs habitations. Cette précipitation a alimenté un sentiment de frustration et d’injustice, soulignant la nécessité d’une approche plus humaine et respectueuse des droits des populations locales.
Vers une solution durable et inclusive
L’opération de déguerpissement à Adjamé s’inscrit dans un vaste projet de modernisation urbaine, avec le quatrième pont destiné à désengorger le trafic et améliorer la mobilité dans Abidjan. Toutefois, les événements récents montrent que les objectifs de développement doivent être équilibrés avec le respect des droits des résidents. Les autorités locales et nationales sont désormais confrontées à un défi de taille : instaurer un dialogue constructif et prévoir des compensations équitables pour les personnes affectées.
Une approche inclusive et transparente est essentielle pour apaiser les tensions et garantir la réussite des projets d’infrastructure. En attendant, la situation reste tendue à Adjamé, où les habitants, toujours sur le qui-vive, craignent de nouveaux affrontements. Les prochains jours seront cruciaux pour déterminer si une solution pacifique et équitable peut être trouvée pour résoudre cette crise.
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